Jacques-Henri Eyraud. Lorsque les supporters de l’OM ont appris la nomination de cet homme à la présidence de leur club favori, ils se sont demandés : mais qui c’est ce gadjo ? Dégun ne le connaissait. Inconnu au bataillon de l’infanterie footballistique, JHE a pris place à la tête d’un club en mal de résultats, de cohérence et de véritable politique à long terme. On avait mal à l’OM ! comme une migraine qui ne vous lâche pas pendant des années… Aujourd’hui, trois mois après sa nomination par Franck Mc Court, on le connaît déjà mieux. On l’a cerné comme il a cerné Notre OM. Décryptage.
1/ Une analyse rationnelle d’un club qui ne l’est pas
JHE a travaillé. Beaucoup travaillé. Quand on s’apprête à racheter un club légendaire éteint par l’incompétence et la lâcheté de certaines personnes (suivez mon regard…), il vaut mieux savoir où on met les pieds ! Et c’était déjà le premier défi de « Jakan »: cerner les besoins d’une infrastructure en ruine, comprendre les attentes d’un peuple déprimé, vérifier les moyens mis à disposition par l’actionnaire, être prêt à affronter une pression énorme etc. Sur ces points-là, on peut dire aujourd’hui qu’il a réussi. Oui. Réussi à rationaliser un contexte irrationnel, à analyser avec lucidité et recul une situation en péril, et à prendre des initiatives fortes mais simples, strictes mais humaines.
L’OM peut vous faire devenir fou (et beaucoup le sont devenus y compris moi) ! Cet homme n’est pas un supporter, il est celui qui les comprend, les rassure et qui leur donne l’un des sentiments humains le plus fort : l’Espoir…
2/ S’entourer de personnes compétentes et compatibles pour déléguer
Entreprendre. Voilà un mot qu’il dû dire plus que « bonjour » dans sa vie (je suis marseillais, j’exagère !). Mais l’image est lancée. Quand on a étudié à Sciences Po et à Harvard dans le domaine du business management (et qu’on y a réussi surtout), on peut s’imaginer que la première chose qu’on nous apprend, c’est gérer l’humain. Harmoniser les compétences de chacun, définir un objectif commun et possible, définir des rôles clairs et adaptés aux talents des employés… C’est ce que JHE a rapidement fait à Marseille. Il a réalisé un audit de toutes les composantes du club et a sélectionné ceux qui devaient rester, ceux qui devaient partir et ceux qui devaient venir renforcer le potentiel humain du club. Et il a choisi ! Zubizarreta, Garcia, Aldebert pour ne citer qu’eux. Des personnes compétentes, discrètes, qui sont de vrais bosseurs mais qui restent ouvertes au dialogue et à l’échange. Comme il l’est lui…
Si JHE veut durer, il a compris qu’il était indispensable de déléguer, de s’entourer de personnes connaissant la planète foot et ses nombreux satellites, et qui ont la même vision que lui sur ce que doit être un club professionnel. Quand on a des lacunes dans un domaine, soit on travaille, soit on embauche. Il a embauché ; ça n’empêche pas de progresser mais ça permet d’aller plus vite.
3/ Communiquer dans un monde où ça parle beaucoup.
Voilà le domaine ou selon moi, « Jakan » fait preuve d’un grand talent. La communication. Le nouveau nerf de la guerre. Sur Terre, des milliards et des milliards de mots sont chaque jour usagés, bafoués, vidés de leur sens, travestis, interprétés… Ça devient un cahin-caha incompréhensible et bruyant. Monsieur Eyraud aime les mots. Et il leur donne du poids car ils sont peu nombreux. Tout ce qui est rare a de la valeur… Ce n’est pas une critique mais il est politiquement correct. Dans son sens propre. Il fait passer des messages clairs, brefs, directs qui ne laissent aucune place à une interprétation déformée et qui préparent les autres à la réalité de ce qui arrivera. Quand il dit, on a des ambitions élevées, et bien il recrute Garcia, Zubi, Evra, Payet… Quand il dit, la formation est une priorité, et bien, il se lève le dimanche matin pour aller voir les minots de l’OM jouer un match. Ce sont des exemples (il y en a plein d’autres, je synthétise !) mais ils traduisent ce que nous, supporters marseillais, adorons déjà chez lui ; la parole qui mène rapidement aux actes même symboliques, les faits, le concret. Et c’est véritablement ce qui nous intéresse car les belles paroles, on en a eu un paquet ces dernières années et pour pas un ! (comme on dit chez nous)
Pour conclure, j’aimerais dire que je suis comme chaque supporter fanatique de l’OM : les résultats dictent mon humeur, les critiques des médias parisiens m’engatsent (-ent à la fin pour rester francais…) car injustifiées et partiales, je suis aphone quand je sors du Vél, je suis passionné, excessif, impatient… Mais depuis que JHE est arrivé, je suis confiant. Je sais qu’il y aura des moments difficiles (la défaite contre Metz en est un !) mais on a un Capitaine qui dirige le bateau maintenant, avec des matelots je l’espère, loyaux et efficaces. On va ramer, on va galérer, on va serrer, transpirer, virer ! Mais on finira par chavirer… Et pas au sens maritime… Au sens de l’OM !
