C’était sûrement l’un des matchs les plus importants de leur saison. Et pourtant, deux jours après le clasico et la défaite historique des marseillais face au club de la capitale (1-5), les supporters phocéens ont toujours des maux de tête. Au-delà même du résultat, c’est bien l’envie et l’état d’esprit affiché par les olympiens qui est remis en cause.
Certes, une victoire face à l’ogre parisien était dans le domaine du rêve, voire de l’impossible. Mais le sport et son histoire en sont regorgé de ces moments, de ces matchs d’anthologies. David qui bat Goliath. Leicester champion d’Angleterre. Liverpool et son parcours 2013-2014 (avant cette glissade malheureuse de leur légende). Le match nul des minots marseillais face au PSG. A tous ces matchs, une récurrence : la hargne, l’envie, la faim de victoire. Le symbole même de l’OM : la grinta
Que n’ont-ils pas compris ?
Les supporters n’attendaient pas une victoire avec l’art et la manière. Ils ne sont pas fous. Il suffit de comparer l’effectif des deux équipes. Non, ce qu’ils voulaient, c’était une preuve d’amour. L’amour pour le maillot. Pour les couleurs du club phocéen. Pour eux, eux qui se sont mobilisés au-delà du match en lui-même, eux qui ont chanté dans tout Marseille toute cette journée du 26 février 2017, eux qui se déplacent dans toute la France pour chanter et soutenir des joueurs qui ne le méritent pas toujours. Eux qui voulaient rêver, être fiers de ceux qui sont censé les représenter. Tout simplement.
Alors ils attendaient un retour des joueurs, une prise de conscience de tout ce qu’il y a autour de ce match. Ils voulaient des joueurs qui se battent sur chaque ballon, qui mettent le pied, la tête, l’épaule et même les dents s’il le fallait, tant qu’ils récupéraient ce ballon. Des joueurs qui bousculent les « stars parisiens surpayés et n’ayant aucun amour pour le maillot qu’ils portent ». Des joueurs présents sur les premiers ballons, actifs sur les seconds ballons, pressant de la première à la dernière minute. Bref, une équipe qui se bat. Et la déception des supporters est bien là.
Qui leur demandait de gagner ? De battre une équipe qui en a collé 4 au Barca ? Une équipe qui se permet de laisser Maxwell à la maison et de mettre Di Maria sur le banc sans s’appauvrir ? Une équipe dont un remplaçant, Kimpembe, à museler Lionel Messi ? Non, on les demandait juste de se battre. Pour le maillot qu’ils portaient. Pour nous !
Une défaite mentale
Les beaux discours ne suffisent pas. Jacques-Henry Eyraud ne cesse de répéter cette phrase : « A Marseille, dire c’est faire rire ; faire c’est faire taire ». Cette semaine et la surmédiatisation qui y a eu n’a que peu confirmé la véracité de ces quelques mots. Même si la plupart des sorties médiatiques de l’équipe dirigeante concernait plus le futur du club et le management qu’ils comptent mettre en place, le sujet du classico et du résultat qu’ils en attendent n’a bien entendu pas pu être évité. Si ils ont essayé de se montrer confiants et de donner confiance aux joueurs (ils n’allaient pas dire « on s’attend à prendre une branlée » !), toujours est-il que les dirigeants et joueurs marseillais avaient promis des guerriers. Il n’en a rien été. Les joueurs se sont fait avalés, d’abord mentalement avant de l’être physiquement et techniquement.
Et elle est peut-être là la pire douleur pour les supporters marseillais. La passion qui a été mis dans ce match, le Vélodrome plein et en fusion, au lieu d’électrifier leurs joueurs, de les transformer en soldats assoiffés de victoire, a tout simplement tétanisé les onze acteurs marseillais. Ils ont été tétanisés par l’enjeu, par les attentes, par l’amour que portaient les supporters à ce maillot et l’importance qu’ils donnaient à ce match. Ils ont été tétanisés par l’essence même de l’Olympique de Marseille.
